• Accueil
  • Actualités
  • MILLIMAN - Se repérer dans l'incertitude : Le rôle essentiel de la gestion saine du bilan dans un paysage macro-économique toujours changeant

MILLIMAN – Se repérer dans l’incertitude : Le rôle essentiel de la gestion saine du bilan dans un paysage macro-économique toujours changeant

Article rédigé par Milliman dans le cadre de leur sponsoring de l’ACA Insurance Days 2023 dont le contenu engage exclusivement son auteur.

Introduction

Le contexte macro-économique actuel se caractérise par la persistance de taux d’intérêt volatils et de taux d’inflation qui ne sont pas encore revenus à leurs niveaux d’avant 2022. Cela a un impact significatif sur les expositions au risque des compagnies d’assurance et pourrait entraîner une volatilité indésirable du bilan. Dans ce contexte, avoir une gestion saine du bilan est essentiel, car elle permet aux compagnies d’assurance d’améliorer et de stabiliser davantage leurs résultats financiers.

La gestion du bilan concerne l’optimisation de la relation entre le risque, le rendement et le capital à travers le bilan d’une compagnie d’assurance. Avoir une solide gestion du bilan en place place la compagnie d’assurance dans une meilleure position pendant les conditions de marché turbulentes. Elle permet également une utilisation plus efficace des ressources, libérant ainsi du capital qui peut, par exemple, être investi dans des actifs à rendement plus élevé ou augmenter les nouvelles affaires, ce qui peut contribuer positivement à la génération de capital.

En examinant la compagnie d’assurance moyenne basée au Luxembourg, nous constatons que la gestion du bilan n’est pas un thème qui préoccupe tout le monde. Par conséquent, il existe encore de nombreuses initiatives qui peuvent être envisagées pour améliorer davantage le bilan et les finances d’une compagnie d’assurance, ce qui entraîne des avantages concurrentiels. Cet article met en évidence trois de ces initiatives.

Réassurance

L’utilisation de la réassurance peut aider les compagnies d’assurance à améliorer leur stabilité financière en les protégeant contre des événements extrêmes tels que de grosses pertes multiples ou des événements catastrophiques. Outre ces utilisations traditionnelles, la réassurance peut également être utilisée pour réduire l’exigence de capital de solvabilité (SCR), permettant ainsi aux assureurs primaires de prendre des risques plus diversifiés avec presque la même quantité de capital. Un exemple en est l’utilisation de la réassurance pour atténuer les effets du risque catastrophe, où certaines expositions peuvent entraîner des montants de capital requis indésirables dans la formule standard Solvabilité II.

La réassurance permet aux assureurs d’augmenter leur capacité de souscription en transférant une partie de leur risque aux réassureurs, les positionnant ainsi stratégiquement pour assumer plus d’exposition tout en maintenant la stabilité financière. Lors de l’optimisation d’un programme de réassurance (c’est-à-dire déterminer le niveau et le type de réassurance), l’appétit pour le risque et les objectifs stratégiques (y compris la gestion du capital et l’analyse de ses besoins) de la compagnie doivent être pris en compte. Une réassurance de type quote-part pourrait généralement être une solution pour gérer la SCR lors de la croissance de l’activité.

De plus, la réassurance permet aux assureurs de tirer parti de l’expertise des réassureurs en matière de souscription et de gestion des sinistres, en leur fournissant des informations précieuses et un soutien dans ces domaines clés. Le suivi de l’évolution des sinistres régulièrement peut fournir des informations utiles sur l’adéquation du programme de réassurance en place et savoir s’il convient d’apporter des modifications.

Correspondance des unités

Plusieurs assureurs-vie luxembourgeois ont d’importants portefeuilles d’activités liées aux unités ([1]). Ces portefeuilles sont exposés aux risques de marché et de souscription liés aux dépenses futures, aux frais et aux garanties, ce qui entraîne des exigences de capital et de la volatilité dans leurs fonds propres. Heureusement, les réglementations Solvabilité II offrent aux assureurs-vie des opportunités de renforcer la position en capital de ces portefeuilles liés aux unités tout en maintenant un bilan Solvabilité II stable. Les exigences de correspondance en vertu de la directive Solvabilité II permettent de détenir des actifs liés aux unités pour couvrir uniquement les provisions liées aux unités, pas la valeur nominale des passifs. Cette approche de sous-capitalisation permet d’investir les excédents d’actifs liés aux unités ailleurs, potentiellement avec des rendements attendus plus élevés.

Plusieurs approches peuvent être envisagées lors de la mise en œuvre de la correspondance des unités, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients. Plus de détails peuvent être trouvés dans plusieurs notes d’information de Milliman ([2], [3]). En bref, il s’agit principalement de choisir entre la stabilisation de la valeur nette d’inventaire (VNI) et la stabilisation du ratio Solvabilité II. La VNI est stabilisée lorsque les actifs liés aux unités et les passifs liés aux unités sont entièrement assortis. Le ratio Solvabilité II, en revanche, est stabilisé lorsque les actifs liés aux unités, les passifs liés aux unités et le SCR associé sont assortis. La correspondance des unités est une stratégie bien connue qui est déjà mise en œuvre par divers assureurs-vie sur plusieurs marchés européens ([3]). Lorsque les assureurs ont commencé à mettre en œuvre une stratégie de correspondance des unités, sa mise en œuvre et son entretien exigeaient des efforts opérationnels considérables, la rendant moins adaptée au portefeuille moyen lié aux unités luxembourgeois. Cependant, au cours des dernières années, certaines approches alternatives moins lourdes en opérations ont été mises en œuvre sur le marché britannique, rendant la correspondance des unités une action de gestion digne de considération.

Capacité d’absorption des pertes des impôts différés (LACDT)

Le LACDT est l’un des composants du SCR qui mérite d’être optimisé, car il offre la possibilité de réduire considérablement le SCR en tenant compte du soulagement fiscal résultant des pertes futures dans le cadre des contraintes du SCR. Le concept du LACDT est défini à l’article 108 de la directive 2009/138/CE.

Les réglementations comprennent la définition de sa valeur maximale autorisée. Notre analyse des rapports sur la solvabilité et les conditions financières de 2022 (SFCR) des compagnies d’assurance luxembourgeoises [1] montre que la plupart des compagnies d’assurance ont déclaré un LACDT inférieur ou égal à leurs passifs fiscaux différés déclarés (DTL), ce qui suggère qu’un montant de LACDT plus élevé pourrait être appliqué en suivant ces réglementations. Par conséquent, les ratios Solvabilité II de nombreuses compagnies d’assurance pourraient potentiellement s’améliorer. Pour ce faire, les assureurs devraient effectuer une justification supplémentaire pour évaluer l’amélioration potentielle du LACDT, notamment en réalisant des tests de résistance pour évaluer la résilience du LACDT dans divers scénarios et en intégrant les considérations relatives au LACDT dans les stratégies de gestion des actifs et passifs. Plus d’informations à ce sujet peuvent être trouvées dans [4].


Conclusion

La gestion du bilan crée de la valeur pour les assureurs en augmentant la rentabilité et en améliorant leur stabilité financière. Ce n’est pas sans raison que plusieurs assureurs ont créé des départements de gestion du bilan distincts de la finance, reconnaissant la complexité de l’industrie de l’assurance et l’évolution du paysage réglementaire et économique.

Dans cet article, quelques actions de gestion particulièrement pertinentes pour les assureurs basés au Luxembourg ont été discutées. Cependant, il existe de nombreuses autres zones à prendre en considération. Naviguer dans la sélection d’une stratégie, peser ses avantages et ses inconvénients associés, et prendre en compte tous les facteurs pertinents, y compris les changements réglementaires et économiques, constitue un problème complexe exigeant une réflexion attentive.

Milliman n’assiste pas seulement les assureurs dans les aspects techniques de la gestion du bilan, mais les guide également dans son intégration au sein de leur organisation, garantissant une approche efficace.
Si vous êtes prêt à explorer des solutions sur mesure pour vos besoins, nous vous invitons à nous contacter. Une première étape naturelle consiste à entreprendre une étude de faisabilité pour évaluer les avantages potentiels, les coûts et les défis des différentes actions pouvant être appliquées à votre organisation. Milliman dispose de toutes les ressources et de l’expertise nécessaires pour vous guider tout au long du processus et faire de votre voyage en gestion du bilan un succès !

Kevin Vetsuypens – kevin.vetsuypens@milliman.com
Rik van Beers – Rik.vanBeers@milliman.com
Peter Franken – peter.franken@milliman.com

Share